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2 août 2010 1 02 /08 /août /2010 22:10

     C'est avec plaisir que je découvre chaque mois les publications  consacrées à la course à pied. D'autant que certaines arrivent à se surpasser. Ces derniers temps deux d'entre elles avaient décidé de se lancer dans la lutte contre le dopage : noble ambition ! 

 

     Naïvement je pensais qu'elles auraient fustigé les tricheurs qui franchissent  nos frontières pour aller se ravitailler en EPO dans une pharmacie, ce qui est (dit-on) impossible en France. J'espérais qu'elles montreraient du doigt les petits malins  qui se rendent au départ d'une course en effectuant un détour par le domicile de leur grand mère ou de leur vieille tante au motif de leur faire une bise, mais en réalité pour leur piquer trois ou quatre comprimés d'amphétamine et se vaporiser les bronches avec des bouffées d'un médicament à base de salbutamol, un broncho-dilatateur prescrit aux asthmatiques.

 

       Des imbéciles qui ignorent que lors d'un contrôle antidopage le salbutamol peut encore se détecter au bout de trois semaines en faisant souffler le coureur dans un appareil (tant pis pour eux !).

 

     Non, nos redresseurs de tort en veulent à tout prix à la tasse de café, ignorant que depuis le 1er janvier 2004, en vertu des réglements de l'Agence Mondiale Antidopage (AMA),  la caféine n'est plus recherchée lors des contrôles, et que les dopés à la caféine l'étaient la plupart du temps par absorption de très fortes doses de caféine, généralement par piqure de caféine pure : or les piqures demeurent interdites par l'AMA .

 

     La banale tasse de café prise sur le zinc du bistrot voisin de la ligne de départ de la course n'a donc jamais été considérée comme dopante par l'AMA : c'est un tonique autorisé (et parfois recommandé par le corps médical), également disponible grâce à des milliers de distributeurs automatiques. Le seul problème c'est que la tasse ou le gobelet de café, s'il est autorisé, n'est pas forcément efficace pour améliorer les performances ni bon pour la santé de tout le monde. 

 

 

     Il faut croire que ni vous ni moi n'y avions rien compris : selon tel directeur de publication (à qui j'ai écrit deux fois sans résultat afin de recadrer le débat dans le bon sens) une tasse de café avant la course c'est suspect : on s'inscrit déjà "dans une logique de dopage". Et voilà qu'un ancien coureur cycliste pro qui, depuis quelque temps dans les médias, s'érige en champion de la lutte antidopage (à l'en croire il est le seul coureur cycliste au monde à ne s'être jamais dopé !), s'en prend à la...double tasse de café : cette fois on devient un tricheur.

 

      Visiblement ce vertueux cycliste n'a jamais mis les pieds dans une épreuve pédestre. L'autre jour j'arrive au départ d'une banale course sur route. Comme c'est le cas dans des centaines d'autres "café offert gratuitement" aux participant(e)s, annonçe le dépliant. Un peu naze après 90' d'autoroute sous la canicule, j'attrape le gobelet tendu par la bénévole de la buvette  et je le vide d'une traite, sans me rendre compte que vu la hauteur du gobelet il devait y avoir la valeur de deux tasses : me voilà dans le rouge , un scandale ! 

 

     Mais le pire est à venir. Au 1er ravito j'attrape en vitesse un gobelet que je suppose contenir de l'eau : erreur c'est  du coca, un produit contenant de la caféine. Au bout de la table, encore assoiffé, je saisis innocement  un 2ème gobelet , toujours du coca : je devrais avoir honte ! Au second ravito je saisis un gel, l'incurgite (sans ressentir d'effet particulier)

en fourrant l'emballage vide dans ma poche : revenu à la maison je découvrirai la mention "riche en caféine": et c'est fabriqué par un "laboratoire" qui inonde de publicité toutes les revues de sports d'endurance (dont la revue à laquelle j'ai écrit comme expliqué plus haut),  l'horreur ! Je me souviens alors de ces petits salopards qui raflaient une poignée entière de ce gel sur la table du second ravitaillement.

 

   Enfin l'arrivée. Pour la récupération ils ont tout prévu : outre café et thé frais, la table est jonchée de boissons "énergisantes", dont la plus célèbre possède une écurie de course automobile : question caféine, de quoi réveiller un  mort ! Cette fois votre serviteur, ce drogué multirécidiviste, se contentera d'un verre d'eau gazeuse. Et tout cela se passe dans une épreuve organisée sous les réglements de notre Fédération nationale d'athlétisme.

 

      Un peu plus tard, après la remise des prix, en prenant l'APERO avec les anciens, on évoquait le bon vieux temps où on courait à 3' au kilo (20 km/h), en savates, avec des verres d'eau et des morceaux de sucre du commerce. En ce temps là on ne risquait pas de commettre des erreurs pharmaceutiques. Du coup nous sommes toujours là après de longues années de compétition, alors que nous voyons des trentenaires disparaître brusquement des pelotons : curieux, non ?

 

Michel DELORE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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